À celles qui cherchent un chemin : Des bras pour accueillir, des voix pour défendre

Elles s’appellent Aminata, Rokhaya, Khady ou encore Aissatou. Leurs visages racontent des vies marquées par les coups, les cris, le silence. Mais aussi le courage, l’espoir et la reconstruction. Derrière elles, des structures essentielles qui œuvrent chaque jour pour accompagner, héberger, écouter, soigner, défendre. Voici leurs histoires. Et les clés pour en sortir.

Aminata et le CLVF : là où commence la reconstruction

Le jour où Aminata a poussé la porte du Comité de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes (CLVF) à Colobane, elle n’avait plus de voix. Ses mots étaient enfouis sous des années de violences conjugales. Mais dans une petite pièce de l’Immeuble Arame Fahat NDIAYE, un silence bienveillant l’a accueillie. Une juriste lui a parlé de ses droits. Une psychologue lui a tendu la main. Une assistante l’a accompagnée à l’hôpital.

Le CLVF, c’est un centre d’écoute, mais aussi une force de plaidoyer présente dans 12 régions du Sénégal. L’association forme des policiers à l’accueil des victimes, organise des marches de sensibilisation et milite sans relâche pour faire évoluer les lois (Senegel.org, n.d.; WomenCount4Peace, n.d.).

Rokhaya et le refuge de Kayam : fuir pour revivre

Une nuit, Rokhaya a quitté la maison avec ses deux enfants, un sac plastique et la peur au ventre. Elle ne savait pas où aller. Un chauffeur de taxi lui a parlé de Kayam, un centre situé à Petit Mbao. Là-bas, elle a trouvé un hébergement sécurisé, un lit pour elle et ses enfants, des repas, des soins, une oreille. Mais surtout, on lui a appris un métier. Trois mois plus tard, elle vend des savons artisanaux et rêve d’ouvrir son propre kiosque.

Kayam ne propose pas seulement un toit. L’association accompagne les femmes vers l’autonomie, avec des formations professionnelles, une assistance juridique, et un suivi personnalisé (Kayam Sénégal, n.d.; Jeune Afrique, 2023).

Fatou et les Bajenu Gox : les mères sentinelles

Fatou vit à Rufisque. Elle n’est ni juriste ni psychologue. Mais dans son quartier, tout le monde l’appelle « Bajenu Gox », la marraine du coin. Lorsqu’une jeune fille a commencé à manquer l’école et à se renfermer, c’est elle qui a remarqué. Elle est allée la voir, a parlé avec elle, puis avec sa mère. Elle a pris rendez-vous avec les services sociaux. Discrètement mais efficacement, elle a brisé un cycle de silence.

Les Bajenu Gox sont des relais communautaires essentiels dans la lutte contre les violences, notamment en milieu rural. Elles sont formées pour écouter, orienter et accompagner les femmes victimes, tout en sensibilisant les communautés autour d’elles (OMS Afrique, 2022).

  • Présentes dans tous les quartiers et villages

  • Infos : OMS Afrique

Aissatou et le Réseau Dooleel Jigéen : faire du bruit pour la justice

Quand Aissatou a été agressée, elle a eu peur. Mais quand elle a vu des femmes marcher pour elle, brandir des pancartes, parler à la télé, elle a repris confiance. Ces femmes, ce sont les militantes du Réseau des Féministes du Sénégal – Dooleel Jigéen. Pendant son procès, elles étaient là, à ses côtés, à chaque audience.

Pendant les 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, elles organisent forums, ateliers, plaidoyers. Leur mobilisation a permis une avancée majeure : la reconnaissance du viol comme crime au Sénégal (Amnesty International, 2024).

Khady et l’AJS : un coup de fil vers la justice

Khady ne connaissait rien au droit. Elle avait juste peur et honte. Sur une affiche dans un dispensaire, elle a vu ce numéro : 33 867 34 39. Elle a appelé. Une juriste de l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS) lui a répondu. Ensemble, elles ont monté un dossier, déposé une plainte, trouvé un avocat. Khady a gagné son procès.

L’AJS propose une assistance juridique gratuite, des ateliers d’information, et un accompagnement dans les démarches judiciaires (Femmes Juristes Sénégal, n.d.).

Numéros d’urgence à retenir

ServiceNuméro
Numéro vert national violences800 805 805
Association des Juristes Sénégalaises (AJS)33 867 34 39
Centre d’accueil femmes battues – Dakar77 308 74 15
Aides ménagères et domestiques77 241 79 32

Ce que je veux dire à chaque femme qui lit ceci

Je m’appelle May. Je ne suis pas passée par là, mais j’écoute, je m’informe, et je me tiens aux côtés de celles qui traversent l’impensable. En écrivant cet article, j’ai voulu rassembler plus que des liens ou des numéros : j’ai voulu réunir des voix, des preuves qu’on peut s’en sortir, qu’il existe des espaces où reprendre le contrôle.

Si tu lis ces lignes, retiens ça : tu n’es pas seule. Et parfois, un article, un mot, un numéro, ça peut tout changer.

May

Sources :