Affaire de la famille Paye : quand le silence conjugal devient une tragédie familiale

mai 10, 2025
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Le 6 novembre 2021, Awa Diagne perd tout. Ses trois enfants assassinés par leur père, le Dr Falla Paye, qui se suicide dans la foulée. Dans une lettre posthume de dix pages, il tente de justifier son acte. Derrière le choc national, Awa devient le centre invisible d’une tragédie publique. Et c’est une autre forme de violence, moins visible, qui s’impose : la violence psychologique.

Le matin où tout bascule

Ce samedi-là, le quartier de Sacré-Cœur est figé. Le Dr Falla Paye, dentiste réputé, est retrouvé mort dans son cabinet. Autour de lui, les corps sans vie de ses trois enfants. Le Sénégal se réveille dans la stupeur. Très vite, une lettre posthume est retrouvée. Elle va orienter le regard public… mais dans un seul sens (Seneweb, 2021).

Une lettre, un monologue glaçant

Dix pages. Un récit dense, construit. Le Dr Paye y décrit son mariage comme un enfer conjugal de quinze ans, évoquant l’humiliation, le rejet, des périodes d’abstinence sexuelle imposées, une femme froide et dominatrice, selon ses dires. Il parle d’un « mariage par défaut », d’une union vide de sens, et déclare vouloir épargner à ses enfants une vie issue de cette relation (Dakaractu, 2021 ; Kewoulo, 2021). Mais Awa Diagne, leur mère, n’a pas été entendue. On a lu sur elle, parlé d’elle, rarement avec elle.

La seconde peine d’Awa Diagne

Après la douleur, Awa affronte une seconde peine : celle d’être réduite à une figure accusée. Les médias diffusent le contenu de la lettre sans distance critique. Certains proches tentent de rétablir une vérité plus nuancée, mais trop tard : le récit du mort fait loi (Sans Limite SN, 2021 ; SeneNews, 2021). Elle doit enterrer ses enfants et faire face à une opinion publique déjà convaincue.

Mon regard, après lecture

J’ai lu cette lettre. Une dizaine de pages remplies de griefs, de froide lucidité, d’accusations unilatérales. Pas un mot sur les enfants, sinon comme prétexte. Ce n’était pas un acte de désespoir, c’était un message. Et ce qu’il révèle, c’est une autre forme de violence : la violence psychologique, celle qui ne laisse pas de bleus visibles, mais ronge lentement, fait perdre confiance, rend illégitime aux yeux de l’autre et finit parfois par détruire. Elle se cache dans les rapports de force silencieux, les récits univoques, les lettres qu’on laisse sans qu’on ait pu répondre. Dans un prochain article, nous décrypterons cette forme de violence — plus subtile, mais tout aussi destructrice. Découvrez-la ici.

Sources :
Leurs histoires